László Szlávics, L’artiste-artisan

Quand on envisage, quelques années après sa mort et suivant l’écroulement d’un régime politique ayant existé quatre décennies, l’oeuvre laissée en héritage de cet artiste-artisan on ne peut chasser la pensée que très rares sont les artistes qui aient pu exprimer la contradiction entre les idées de ce régime et leur réalisation d’une manière aussi sensible, avec autant de force brute et de liberté barbare de parler que László Szlávics l’a fait. Quant à lui, il était un ouvrier à tous crains, d’orientation social-démocratique, fils fidèle aux idées d’une famille ouvrière d’usine de vieille roche, qui avait pu faire ses études à l’école des arts décoratifs grâce à la politique d’un nouveau régime en train de bâtir les bastions de la culture et, bien sûr, dans une mesure non négligeable, à son propre talent.
Dans l’histoire des arts de Hongrie, Lajos Kassák est avec son ascendence, sa carrière et ses activités artistiques toujours appréciées par beaucoup un exemple de ce type d’artiste-artisan. Seulement, les éloges éloquents et références des années 1960 laissaient oublier que lui, il était le fils d’une autre époque, d’un autre régime politique, dont la prise de conscience a eu lieu non dans les années 1940 à 1950 où, bien au-delà de toute participation bruyante à la vie publique, soit réduit au silence, soit dans la possibilité de se